samedi 6 février 2010

Maisons Closes


nicole canet : Ex Utero

BLOG "EX UTERO: SEXE, SCIENCE ET FEMINISME" 06.12.09

couverture-400x531.jpgC'est difficile, la nostalgie. Surtout la nostalgie fictive, des lieux et des temps non connus, seulement connus en rétrospective, en détails manquants, en c'était mieux avant, en signes épars, certainement vecteurs d'une idéologie partiale. C'est le sentiment qui reste de cesMaisons Closes, un livre merveilleux que je viens de refermer à regret, après avoir parcouru 86 ans de prostitution en salons à miroirs, chambres orientalisantes, décadentisme et cannes à secrets. Les passages imaginaires de Jean Lorrain, Marcel Proust, Marcel Jouhandeau, et d'autres comédiens, chanteurs, écrivains et artistes des temps où le commerce du sexe se faisait derrière des portes closes, certes, mais avec légèreté et bonheur - du moins dans les maisons de tolérance, l'upper-class des bordels dont la hiérarchie comptait trois étages : maisons de rendez-vous puis maisons d'abattage, véritables dispensaires d'esclavage, miséreux et violents.

Nostalgie fictive, car à en croire le STRASS, les maisons closes n'étaient pas vraiment la panacée mais un "moyen de contrôle et une entrave à nos libertés" - un moindre mal, peut-être, comparé à l'époque actuelle.

Reste que ce magnifique livre, écrit et édité par Nicole Canet, galeriste d'Au Bonheur du Jour, donne des maisons closes une impression de joie - comme les visages des personnages des "tableaux vivants", photographies faites pour patienter le client et détaillant tous les fantasmes possibles et dans unepansexualité pour le moins affirmée. La joie des demi-molles amusées pour des poses de plusieurs minutes. Un monde dont on ne voit évidemment pas ici les coulisses, les rushes, l'envers peut-être un peu moins brillant que son décor en loupe de noyer. Mais quand même, "nostalgie pour les uns, enfer pour les autres", nous dit Nicole Canet, une chose est sûre, la fermeture en 1946 des maisons closes "n'aura rien changé, seulement satisfaits les abolitionnistes et les bien-pensants."

© Peggy Sastre

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