Maison de tolérance, lupanar, hôtel borgne, bordel, claque, bobinard, boxon…
Au début du XX e siècle,Paris a compté jusqu'à 200 maisons closes, parfaitement légales, dont les tenanciers reversaient 65 % des bénéfices à l'Etat. Jusqu'au 10 janvier, la petite galerie Au bonheur du jour fait revivre la grande époque de ces établissements spécialisés dans la prostitution, de 1860 à 1946, année de leur interdiction à travers photographies, gravures, livres et autres objets coquins.
Le choix du lieu n'est pas anodin. Spécialisée dans l'érotisme, Au bonheur du jour située juste en face de l'ancien Chabanais, au 12, de la rue du même nom. « Ce fut la maison la plus célèbre dans les annales de la vie galante parisienne », retrace Nicole Canet, directrice de la galerie et auteur du livre
« Maisons closes », qui rassemble plus de 400 illustrations. « Elle avait presque le statut d'un musée national. » « Au-delà des images coquines, c'est une plongée dans le temps » Dans une ambiance de boudoir tentures roses et rouges, papier peint aux motifs polissons, fauteuils léopard, cette exposition-vente présente les lupanars les plus courus comme le One Two Two ou le Sphinx. Elle s'intéresse aussi aux lieux de tolérance homosexuels ou à Marthe Richard, ancienne prostituée qui obtint la fermeture des claques en 1946. Sans éluder les sinistres maisons d'abattage, où les filles faisaient monter un maximum de clients à des prix très bas et dans des conditions d'hygiène déplorables. « Les maisons closes étaient également des endroits de convivialité qui avaient pignon sur rue », rappelle Nicole Canet. Le sujet intéresse : dès son inauguration, mercredi, l'exposition a attiré de nombreux visiteurs.
« Au-delà des images coquines, c'est une plongée dans le temps qui fait voir l'évolution de la condition de la femme », apprécient par exemple Chantal (enseignante) et Jean-François (graphiste).
Ceux qui veulent emporter un souvenir peuvent acheter des photographies d'époque à partir de 200 €, ou des cartes postales à 15 €. Du mardi au samedi, de 14 h 30 à 19 h 30, jusqu'au 10 janvier 2010. 11, rue Chabanais, IIe . Mo Quatre-Septembre.
© Le Parisien, 31.10.2009
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