samedi 6 février 2010

Les "maisons closes" à l'honneur


Les ”maisons closes” à l’honneur - Galerie d’Art - Art et expositions - France 2 


Les "maisons closes" à l'honneur

- Marcel Proust était l'un des habitués du réputé "l'Hôtel Marigny". -
Marcel Proust était l'un des habitués du réputé "l'Hôtel Marigny".
© France 2

La galeriste et éditrice Nicole Canet propose jusqu'au 31 janvier à Paris une exposition consacrée aux "maisons closes"

Pour replonger dans l'ambiance des plus célèbres "bordels" de Paris et de province, cette spécialiste de la photographie ancienne licencieuse a réuni quelque 400 photographies rares signées Doisneau ou Brassaï ainsi que des gravures, dessins et objets singuliers.

L'occasion de découvrir ces "lieux intimes" abolis en 1946 par la loi Marthe Richard.
Cette rétrospective, la première du genre fait revivre des maisons closes idéalisées, élégantes, fréquentées par la bonne société. Preuve en est, pendant des décennies, nombre de rois et chefs de l'Etat de passage à Paris y consacraient quelques heures notées dans leur agenda sous la rubrique "Visite  au président du Sénat". Des stars du cinéma comme Cary Grant, Humphrey Bogart, Mae West et Marlene Dietrich comptaient aussi parmi les habitués.

Aux antipodes des lupanars aux conditions sordides, justification  première de l'abolition, les maisons closes d'exception étaient conçues comme des hôtels de luxe, aux somptueux décors, offrant des ambiances raffinées et exotiques censées faire voyager les clients de l'Inde au Japon, de la Chine à Venise.

"Hauts-lieux du Paris de la Belle Epoque et des Années Folles, ces univers de volupté et de mondanités, reflétaient un art de vivre nourri de tous les désirs et de toutes les excentricités", explique Nicole Canet qui a rassemblé  aussi ses trésors dans un beau livre. "Entrouvrir ces portes m'ont permis de réveiller un monde oublié de bulles de champagne et de chassés-croisés des filles et de leurs clients, sous l'oeil de la chorégraphe qu'était la tenancière", dit-elle.

Parmi les objets à découvrir, la cravache de Flora, célèbre "fille" du "One Two Two", rue de Provence, qu'elle dissimulait dans une canne à pommeau d'ivoire. Des heurtoirs de portes en forme de phallus, des jetons frappés aux armes des "maisons" qui servaient de paiement entre clients et prostituées, et une visionneuse de plaques photographiques datant de 1890 permettant de choisir une partenaire, sont également présentés.

Chaque établissement avait ses "spécialités". Paris comptait aussi des maisons closes pour homosexuels, dont la plus célèbre fut "l'Hôtel Marigny", près de l'Opéra, inauguré en 1917. Sous un prête-nom, Marcel Proust comptait  parmi les principaux investisseurs et habitués.

A la veille de l'abolition, la France comptait 1.500 lupanars, dont  177 à Paris. "En France, après la Loi Marthe Richard, la prostitution s'est reconstituée rapidement. La fermeture des maisons closes n'aura rien changé, seulement satisfait les abolitionnistes et les bien pensants", juge Nicole Canet.

A voir du mardi au samedi de 14h30 à 19h30 au "Bonheur du jour", galerie d'art située au 11, rue Chabanais (Paris).
© Culture.france2, 04.11.2009

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